Delpech-toi, ça brûle !
J'ai entendu, il y a quelques temps déjà, une critique plutôt élogieuse du Sang des tourterelles de Pauline Delpech à la radio : c'est ce qui m'a donné envie de découvrir cette jeune auteure de polars. C'est chose faite, et mal m'en a pris... En effet, je trouve - et c'est tout à fait personnel, notez-le bien - assez peu de qualités à ce deuxième opus de ce que l'on peut appeler, je pense, la série des "Commissaire Barnabé", intitulé Et je brûlerai ton coeur de pierre.
Le contexte historique dans lequel la belle-fille de Michel choisit de situer son intrigue - à savoir la seconde moitié des années 1930, avec l'essor du communisme en France, ne m'a pas convaincue. Et pourtant, c'est non sans joie que j'aurais assisté à la naissance d'un régime de gauche, mais... rien ne sonne vrai sous la plume de Pauline Delpech. Elle multiplie pourtant les termes d'époque, on sent qu'elle veut bien faire, mais des maladresses récurrentes la situent irrémédiablement au XXIème siècle. Remarquez encore qu'une recherche de 0,38 seconde sur google (et non pas plusieurs années passées sur les bancs d'une faculté de droit) m'ont permis de constater que le juge d'application des peines ne fait son apparition en France qu'en 1958, lui qui pourtant est allègrement mis en scène dans l'Entre-Deux-Guerres de Et je brûlerai ton coeur de pierre.
L'intrigue elle-même m'a parue plutôt décousue, et j'avoue ne pas y avoir trouvé grand intérêt. La cruauté de l'ennemi personnel du Commissaire m'a semblé gratuite, à moins qu'il se soit agi de remplir un quota d'hémoglobine et de putréfaction, tout comme le quota de sexe crado qui semble avoir été atteint ? Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas : Et je brûlerai ton coeur de pierre, ce n'est pas que ça. Ce sont aussi des magouilles politiques, et une immersion dans le monde des petits truands. Mouais. On a l'impression que rien n'est poussé à fond.
Le personnage du commissaire Barnabé, et celui de sa gentille-et-tendre-et-jolie-épouse-Alice (on le saura !) pourraient devenir attachants, au bout de plusieurs tomes... mais les autres écueils m'empêchent, pour une fois, de continuer l'aventure avec Pauline Delpech. Ajoutez à ceci que mon édition - heureusement acquise au rabais - était lacunaire (il manquait carrément un morceau de dialogue !), et le tableau sera complet. Un petit extrait ?
« Je vous châtierai tous ! J'en fais le serment solennel devant toi, Astraroth, Prince de la Terreur, Suzerain de l'Ouest, Commandeur des Quarante Légions, Maître du Sang, Seigneur aux remugles fétides, ô toi de qui vient le pouvoir de tuer et d'ensanglanter ! » (ok, ce n'est pas tout à fait représentatif de tout le roman, mais en lisant ce passage j'ai tout de suite pensé à vous !)
Pauline DELPECH, Et je brûlerai ton coeur de pierre, 2008.