Kafka sur le rivage... premiers pas dans la littérature japonaise

C'est donc en y voyant une sorte de phénomène de mode que j'ai acheté Kafka sur le rivage.
J'en suis revenu... Il ne peut s'agir uniquement d'un phénomène de mode tant l'écriture est subtile.
Dès les premières pages, il se dégage une atmosphère onirique d'une grande délicatesse. Murakami prend des instants quotidiens pour en faire des objets précieux, des chefs-d'oeuvre d'imagination où nous contemplons l'existence comme nous regarderions dans un kaléidoscope.
Déroutant aux premiers abords, je me suis très bien adapté à ce style d'une grande richesse. Les événements les moins vraisemblables, telle cette pluie de poissons ou encore le vol des âmes des chats pour en faire une flûte, ne sont absolument pas choquants. Jamais je n'ai remis en doute l'authenticité des faits relatés, et c'est là la force de ce roman où l'on entre entièrement. J'ai pleinement participé à la quête de ce jeune homme, j'ai partagé une part de vie avec des personnages tragicomiques et hauts en couleur... J'ai frémi, tremblé, ri... J'ai été surpris, dérouté, apeuré... Toute la gamme des émotions se retrouve dans cet ouvrage.
Après cette réussite, je me suis penché d'un peu plus près sur ce Japon littéraire. Yoko Ogawa, Sôseki et d'autres encore... Dans tous ces livres j'ai retrouvé la même capacité à rêver, la même délicatesse à parler du tragique, la même justesse dans l'art de saisir le quotidien. Les récits reposent davantage sur cette sensibilité que sur une histoire complexe et fait de cette littérature un art attachant, reposant mais néanmoins profond et propre à troubler la vision habituelle que nous avons de la vie.
Je ne peux que conseiller Murakami aux affamés du dépaysement. Il ne s'agit pas seulement d'un auteur étranger mais aussi d'un écrivain talentueux et d'une porte grande ouverte sur une écriture nippone encore méconnue par chez nous.
Haruki MURAKAMI, Kafka sur le rivage, 2007.