Le temps d'une saison
Todd Bowden est un étudiant studieux, un jeune homme bien de sa personne, un garçon loyal et fidèle en amitié.
Todd Bowden adore jouer au détective et Todd Bowden finit par dénicher le coup du siècle pour un adolescent de son âge. Une vieille photo jaunie dans un journal d'époque montre un officier nazi qui ressemble étrangement au vieux Dussander, un immigré allemand du voisinage.
Ainsi commence une aventure aussi bizarre que sordide. Todd se met à faire chanter le vieux : il gardera pour lui qu'il se nomme Denker et qu'il est l'ancien chef du camp d'extermination de Palin en échange de quoi l'épouvantable retraité lui racontera les détails les plus "croustillants" de son ancienne carrière.
Commence pour le jeune Todd une descente vertigineuse dans les gouffres du mal. Une fascination qui finit par le dévorer et le mettre à la merci du vieux Denker. Le chat devient souris et vice-versa.
Stephen King nous offre une effroyable description de l'appétit humain pour le sordide, le cynisme, la souffrance et le mal. Un goût qui le conduit parfois à des extrêmes et qui esquive toute tentative de raisonnement. Ainsi les fantasmes de Tod le conduisent-ils au meurtre et à la perversion, comme s'il ne pouvait échapper aux sécrétions funestes de son imaginaire.
L'auteur à ce talent de donner aux sentiments une couleur inattendue. La plus petite intention noble se transforme en une manipulation vicieuse comme si le démon attendait la moindre occasion pour s'acheter une âme : la serviabilité dans Bazaar, l'admiration dans Misery, la justice dans La ligne verte ou encore la liberté dans Sailor et Lula. Dans la nouvelle qui nous intéresse, l'amitié qui pourrait lier deux êtres humains devient rapidement une comédie macabre où chacun cherche à dominer l'autre pour servir leurs abominables penchants.
Tout au long de ces quatre magistrales nouvelles, Stephen King parvient à maîtriser un rythme lourd d'une lenteur inquiétante qui accompagne à merveille une atmosphère nauséeuse, sombre et quasi psychanalytique. Je ne parlerai pas ici du fantastique Stand By Me de Rob Reiner inspiré de la nouvelle Le Corps.
L'auteur démontre à nouveau qu'il est capable de concevoir des chefs-d'oeuvre lorsqu'il s'agit de mettre en scène l'insondable profondeur de l'homme et son intraitable inconscient.
Stephen KING, Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank, Un élève doué, Le Corps , La méthode respiratoire in Différentes saisons, 1982.
Ce livre a été lu dans le cadre du Challen ge Stephen King, tout comme
- Carrie
- Christine
- La Tour sombre, tome 1 : Le Pistolero