Les Chroniques de Pratchett

Mais voilà que madame la présidente décède. Moite se voit confier la garde de Pinaille qui vient d’hériter des 49 % de parts de sa défunte propriétaire et devient par la force des choses le principal actionnaire de la Banque.
Moite von Lipwig sera donc la voix de Pinaille. Et en tant que porte-parole du président de la Banque il décide de révolutionner le système monétaire d’Ankh Morpok.
Tous pourtant ne voient pas d’un bon œil ces changements. Monsieur Fripon, comptable psychorigide et doué dans les chiffres, prédit à Lipwig une défaite cuisante : il n’y a rien d’autre que l’or pour assurer la stabilité.
Quant à la famille Prodigue, elle désire ardemment reprendre les commandes de la Banque. Cosmo Prodigue, rêvant de devenir le Patricien dans tous les sens du terme, s’avère être un comploteur bien médiocre face à la finesse de Lipwig.
Car Lipwig possède un secret qui explique cet art de la verve qu’il a, il fut jadis le fameux Paillon escroc de son état.
Mais en réalité beaucoup de personnages dans ce livre possèdent un secret. C’est là la force du bouquin mais je n’en dirai pas plus...
Je retrouve avec délice l’univers de Disque-Monde. Le décalage et la douce folie des habitants du Disque sont menés tambour battant par un Pratchett en grande forme.
A son habitude, Pratchett fait preuve d’une énorme subtilité dans le choix du mot, la tournure de la phrase ou la progression des dialogues. Il ne faut pas s’attendre
à du burlesque gros comme du rouge qui tache. Il n’y a pas de scène « tarte à la crème » ou « chutes en cascade » car Pratchett possède une finesse digne d’un Raymond Devos et un humour tranchant comme un Pierre Desproges.
Le récit est dense, touffu et part dans tous les sens. Pas une seconde pour s’ennuyer tant les histoires s’imbriquent les unes dans les autres, tant le suspens bénéficie d’une somme incalculable de rebondissements…
Les acteurs servent à merveille l’humour du livre. Chaque personnage à son pendant à tel point que Cosmo Prodigue est littéralement le double « négatif » de Vétérini, ce qui donne des épisodes hilarants. Nous retrouvons des types chers à Pratchett : les Mages de l’Université de l’Invisible, les golems, les monstres loufoques comme le « Poulpe »…
L’auteur relève le défi d’apporter à son Histoire une critique acerbe de l’actualité économique et des travers de notre cher capitalisme de masse. Il amène un éclairage somptueux sur ce monde méconnu des banques et des banquiers en poussant l’absurde à son paroxysme.
Terry Pratchett signe avec Monnayé un nouveau volet épique de ses Chroniques. Du grand art que j’ai dévoré du début à la fin. J’adorais les tomes précédents, j’adore celui-ci qui fait preuve d’une grande maturité dans le « faisons rire avec mes livres ».
Terry PRATCHETT, Les Annales du Disque-Monde, tome 32 : Monnayé, 2009.
Ce livre a été lu dans le cadre d'un partenariat avec L'Atalante grâce à Livraddict. Merci !

