Les gueules cassées

La chambre des officiers est donc le récit de la convalescence de plusieurs officiers défigurés à différents degrés, puis de leur réinsertion dans la vie civile à la fin de la guerre. Mais ce roman est aussi une histoire d'amitié, qui se tisse entre compagnons d'infortune. Le catholique breton, le laïque convaincu, l'aviateur comique et une infirmière estropiée au front deviennent inséparables. C'est dans cette amitié que les grands blessés trouvent le courage nécessaire à la survie, qu'ils tentent de transmettre à leurs cadets.
La plume de Marc Dugain est d'une simplicité extrême, et dans le choix des mots, et dans le rythme qu'il donne au récit. C'est sans doute ce dépouillement qui lui permet de ne pas s'appesantir sur l'horreur des blessures de guerre, tout en parvenant à en rendre toute l'étendue - il reste que c'est une lecture à déconseiller aux âmes sensibles. J'ajouterai qu'on est loin du récit documentaire, auquel on aurait pu s'attendre étant donnée l'époque concernée. Il est heureux que l'auteur développe plutôt à travers Adrien les interrogations et les états d'âme des hommes sans visage.
Marc DUGAIN, La chambre des officiers, 1998.