
Georges Duroy est un ancien sous-officier qui, "monté à Paris", est bien décidé à y faire fortune. Mais celle-ci ne lui sourit guère, jusqu'à ce qu'il y rencontre un ancien camarade de régiment, Charles Forestier, qui lui ouvrira les portes de
La vie Française, le quotidien parisien où il connaîtra une ascension exceptionnelle. D'abord médiocre gratte-papier, il conquerra l'importante rubrique des Échos pour finalement devenir le rédacteur en chef du journal, qui aura acquis, grâce à lui, une réputation surpassant celle de toutes les autres feuilles de la capitale. Derrière cette réussite professionnelle se cache Madeleine Forestier, qui, à la mort de son mari, épousera Georges - désormais - Du Roy : non contente de lui tracer une voie royale au sein de la rédaction, cette dernière fera de lui un homme riche. Et pourtant, ce n'est pas la reconnaissance qui étouffe le filou, puisque c'est sans états d'âme qu'il extorquera à sa femme la moitié d'un héritage conséquent. Le dernier coup du vil charmeur consistera à divorcer de Madeleine pour épouser la jeune fille du directeur de
La Vie Française, Suzanne Walter, nantie d'une dot plus que confortable, pour cette unique raison. Le fripon amoral ressentirait-il une once de regrets lorsque, le jour de son deuxième mariage, il aperçoit sa maîtresse de toujours, Clotilde de Marelle : serait-elle la seule femme qu'il aurait jamais aimée d'un amour véritable et réciproque ?
Bel-Ami est le récit d'une vie vouée au profit et à la gloire, ceci à n'importe quel prix. Le personnage de Georges Duroy, que les origines modestes et la pauvreté rendaient timide et peu sûr de lui, s'affirme au fur et à mesure qu'il gravit les marches de l'échelle sociale pour devenir un être détestable, dont l'orgueil et l'arrivisme ne connaissent aucune limite. Il use et abuse d'un charme certain, afin de manipuler les femmes de la haute société, qui ne sont pas étrangère à son extravagante progression dans leur monde. Guy de Maupassant dresse un portrait fin et profond de l'homme, qui évolue avec justesse et cohérence au fil des pages, et le lecteur s'en trouve discrètement guidé dans les sentiments qu'il éprouve à l'égard de Duroy.
Au-delà d'une analyse de l'âme arriviste, c'est une fresque du Paris du XIXème siècle que peint Maupassant à travers divers événements bien amenés (le duel entre Duroy et un journaliste qui l'a insulté, les dîners mondains, les rendez-vous clandestins dans un appartement loué, les visites aux Folies-Bergères, etc.). L'auteur nous invite dans les coulisses d'un grand quotidien avec beaucoup de réalisme et dans celles de la politique française, dans une mesure un peu moindre.

Guy de MAUPASSANT, Bel-Ami, 1885.