Palla calda u farru freddu (*)

Une fois débarqués sur l’île, Miss Lydia et son père vont découvrir un lieu sauvage où le gibier pullule encore, où les gens sont restés près de leur terre et accueillent la vie avec gravité. Mais un pays où restent des traditions sanglantes : la vendetta en est une.
Et Colomba, la jeune sœur de Orso, tient à cette tradition. Elle a juré de venger son père dont la mort, lui semble-t-il, est en lien direct avec le clan du maire Barricini. Elle va tout faire pour amener son frère à accomplir son devoir de fils. Orso fera tout pour résister à cette obligation sous l’impulsion de Miss Lydia pour qui il éprouve de jeunes sentiments.
Mériméee offre aux amoureux de la littérature un aperçu de son talent. Son don réside dans l’art de simplifier son écriture sans rien en retirer de fort et de suggestif.
Il décrit avec vigueur mais sans être d’une précision excessive.
Il bâtit des dialogues d’un grand réalisme sans toutefois surcharger les traits de ses personnages.
Il amène les caractéristiques permettant de se plonger dans l’univers corse sans préciosité, sans excès de culture propre à la vantardise.
Il use d’un savant crescendo dans l’intrigue et pousse le dénouement au paroxysme de l’action. Pour la fin, il s’offre le luxe d’un ultime rebondissement après avoir détendu l’atmosphère au point de laisser penser au lecteur qu’il se trouve au bout de l’action.
J’userais d’un adjectif qui qualifierait selon moi Mériméee parfaitement : suggestif.
Il ne néglige pas le lecteur, ne le sous-estime pas et le croit capable d’imagination. Il se contente d’apporter les bases de l’édifice et laisse le soin au « spectateur » d’achever de construire « l’image ».
Je ne peux que conseiller ce livre aux amoureux de la littérature française du XIXème, de celle qui parle encore d’amour et d’aventure avec le sérieux nécessaire à toute œuvre destinée à la légèreté.
(*) Balle chaude ou fer froid.
Prosper MERIMEE, Colomba, 1840.

Lu dans le cadre du défi "J'aime les Classiques"