
On est peu de chose. Une vie peut être condensée en 182 pages d'une édition de poche. Du moins, celle du personnage central du dernier roman (traduit en français) de Philip Roth (dont on ignore le nom, sans doute parce qu'il peut s'agir de n'importe qui ?). C'est que l'auteur américain a choisi de s'appesantir principalement sur la vie sentimentale - ou sexuelle, puisque nous parlons de Philip Roth - de son personnage, ainsi que sur l'affaiblissement progressif de son corps, jusqu'à la mort - autre thème récurrent chez Roth. La maladie, le déclin inéluctable de la santé, omniprésents au fil des pages, d'un réalisme cruel, sont pour un public jeune la prévisualisation de ce qui l'attend à plus ou moins long terme : une vision terne d'un avenir malheureux. Autant dire qu'on a lu plus gai...
Le troisième thème à épingler est celui des regrets. L'homme n'y échappe pas : il est détesté de ses deux fils, et il a divorcé de la seule femme qu'il ait vraiment aimée,... Le tableau - que par ailleurs il peint, au sens propre car il est aussi artiste - n'est pas si noir car l'homme est aussi aimé d'une fille gentille. Et lorsque la mort frappe inopinément à la centre-quatre-vingts-deuxième page, il n'y a pas de seconde chance : les regrets restent figés à jamais. Pas de
happy end.
Philip ROTH, Un homme, 2007.