Tolérance zéro
Win « Geronimo » Garano est inspecteur de police. Il est coquet, séduisant et plaît aux femmes. Attaché au bureau du Procureur Lamont, ambitieuse et tyrannique, il se voit confier l’affaire Finlay : un crime crapuleux vieux de vingt ans. Il s’agit de démontrer que le programme d’analyse génétique « En danger » est capable de résoudre « n’importe quel crime, n’importe quand ». Mais lorsqu’une note de menace est adressée à Win Garano, qu’une tentative d’assassinat est perpétrée à l’encontre du procureur et que le dossier Finlay reste mystérieusement introuvable, Garano sait que ce ne sera pas de la tarte.
Patricia Cornwell, connue pour avoir donné naissance au médecin légiste le plus célèbre de la littérature policière, nous offre cette fois un thriller politique.
La présentation des personnages est généralement sommaire, excepté en ce qui concerne nos deux héros. Les portraits restent cependant assez superficiels et s’arrêtent souvent au vestimentaire tout en démontrant par ce biais le matérialisme des acteurs.
De temps à autre, transparaissent quand même des traits psychologiques. Ils restent cependant assez primaires : générosité, équité, ambition, sens de la justice,…
Les descriptions sont rarissimes et ne sont là que pour permettre au lecteur de bien visualiser les éléments de l’enquête : traces de terre sur le sol, scène de crime dans la chambre d’une villa, cave où sont reléguées des archives,…
Ces quelques éléments, ajoutés à l’emploi du présent comme temps de narration, donnent l’impression de se trouver face à un scénario de film, ou au script d’une nouvelle série télévisée américaine… et participent évidemment à la facilité avec laquelle le roman peut être abordé.
Ce sont les dialogues qui occupent le plus d’espace. Utiles pour comprendre les liens qu’il existe entre les différents personnages, ils apportent au récit un rythme soutenu et permettent au lecteur de découvrir l’intrigue sans s’ennuyer. Fluides, cohérents et relativement réalistes, ils constituent l’axe véritable du roman.
Un point est capital selon moi : le découpage en séquences. L’auteur n’hésite pas à interrompre une action en cours pour y revenir plus tard. Cette technique permet d’avoir un effet « cinématographique » où des plans de coupe assurent le maintien du suspense. Inutile de préciser que c’est de très bon aloi dans ce genre de thriller. Un exemple parmi d’autres : un soir, Win se rend chez sa grand-mère, laquelle vit dans un quartier dangereux et a la fâcheuse habitude d’oublier de brancher son alarme. Il l’appelle, et en l’absence de réaction, se dirige vers le salon où il entend le bruit de la télévision. C’est là que l’action est interrompue – alors que le lecteur se demande s’il est arrivé quelque chose à la vieille dame – par une digression : le récit parallèle de l’enquête menée par Sykes, l’amie flic de Garano. Ensuite Cornwell revient à la maison aux carillons où Win découvre sa grand-mère paisiblement assoupie sur son canapé.
Pour résumer, il s’agit d’un livre distrayant et sans prétention qui se lit rapidement. Le suspense reste complet jusqu’au bout même si nous nous doutons des personnes impliquées sans pour autant connaître leur rôle exact dans l'affaire. C'est un thriller très américain avec des gentils, des méchants et une Justice intacte en fin de compte.
Une bizarrerie au passage : le titre Tolérance zéro, présenté comme le nom du programme de lutte contre le crime sur la quatrième de couverture, n’apparaît jamais dans le livre…
Patricia CORNWELL, Tolérance zéro, 2007.
Ce livre a été lu dans le cadre d'un partenariat avec Le Livre de Poche, grâce à Livraddict. Nous les en remercions !