Vains clichés

Gill, chargée de vider la petite maison découvre dans le salon la mission que sa tante Rosamond lui a confiée en mourant.
Quatre cassettes audio accompagnant vingt photos qu'elle devra remettre à Imogen dès qu'elle aura retrouvé sa trace.
Imogen.
Imogen, bien sûr qu'elle s'en souvient.
Une jolie petite fille blonde rencontrée à la fête des 50 ans de Rosamond.
Imogen, sa cousine.
Imogen, une jolie petite fille blonde. Aveugle.
Gill s'applique, elle tient à remettre cet étrange héritage à la jeune aveugle devenue femme. Ca a l'air important.
Pourtant Gill et ses deux filles seront les seules à entendre la voix de Ros.
Unies par un lien invisible elles écouteront les quatre fois nonante minutes de bandes sonores.
Six heures durant elles tendront l'oreille vers le message que Rosamond voulait absolument transmettre à Imogen.
Six heures et vingt photos choisies précieusement, voilà le temps que s'est donné Rosamond mourante pour révéler à Imogen le secret de sa naissance.
Ce roman je l'ai lu d'une seule traite, la curiosité de « voir » la photo suivante l'emportant sur la fatigue.
En effet, le roman dans son ensemble repose sur les descriptions que Rosamond fait de chaque photos, une par une. Descriptions qui pourraient paraître un peu « too much » si on ne savait pas qu'elles s'adressent à une personne non-voyante. Moi ça m'a plu. Beaucoup plu. La magie a opéré, sous mes yeux les mots se sont transformés en images tant le récit de la vieille tante était net, clair, précis et vivant.
Avec pour seuls supports les photos et leur historique, Rosamond raconte sa vie et celles de trois générations de femmes qu'elle a côtoyées pour en arriver à la révélation finale, son douloureux secret.
La fin du roman m'a un peu déçue, enfin je veux dire que si j'avais écrit cette histoire, j'en aurais choisie une autre bien que celle de l'auteur soit tout à fait cohérente et en parfaite harmonie avec le reste du tableau.
Une chose est sûre, après une lecture comme celle-ci, jamais plus vous ne regarderez vos photos du même oeil.
J'ajoute que l'auteur aborde ici différents sujets comme les enfants de la guerre, l'homosexualité à différentes époques et les liens étranges et difficiles parfois entre mères et filles par exemple.
Sachant que d'un seul mot dit ou non, un seul regard, un geste, une attitude, un sentiment bien ou malveillant, on peut influencer le cours d'une, voire de plusieurs vies, après avoir refermé ce volume, je reste avec une réflexion amère... comment l'éviter?
Jonathan COE, La pluie avant qu'elle tombe, 2009.