Originaux
Jack est un artiste à sa manière. Collectionneur émérite de bouts de ficelles, rédacteur de potins à titre privé ou théoricien de l'impossible, il est incapable de s'adapter à la vie en société.
Il lui est impossible de garder un travail ou de fonder une famille, ses seules activités tiennent du funambule qui tente l'équilibre entre réalité et imaginaire.
Sous l'impulsion de son beau-frère Charley, il est pris en charge par sa soeur Fay.
Hébergé par ce couple aisé dont la vie n'est pas si reposante qu'elle en a l'air, il va rapidement prendre en charge le ménage et l'éducation des enfants.
Mais entre Fay, femme tyrannique et manipulatrice, et Charley, mâle bourré d'argent mais éternellement castré, il est facile de se rendre compte que le barjo dont il est question n'est pas forcément celui auquel nous pensons.
Philip K. Dick nous gratifie d'un roman qui ne tient pas de la science-fiction. Publié en français en 1978, c'est le seul roman de ce type qui fut connu avant sa disparition en 1982.
Philip K. Dick manie le genre avec brio. Alliant un style simple à l'efficacité, il use d'un grand nombre de ficelles propres à la SF pour servir son histoire. Se dégage par ces techniques une atmosphère lourde, ambigue et un récit axé sur des tensions qui font avancer l'intrigue.
Le découpage est basé sur l'alternance des narrateurs. Tous les protagonistes participent à la narration, le lecteur participe pleinement au déroulement en observant chacun des personnages à travers les yeux des autres personnages. De cette manière les motivations et les ressentis de tous sont rendus accessibles et permettent un éclairage et une mise en relief variés.
L'absence de parti pris permet d'affirmer assez rapidement que pas un seul des protagonistes n'est normal et sain d'esprit. C'est une sensation étrange que de passer ces quelques heures dans une véritable maison de fous.
Le récit parallèle mis en place par l'auteur est relativement comique. Il est à mettre en relation avec les écrits majeurs de Philip K. Dick et permet de constater à quel point ce dernier est talentueux sans pour autant devoir porter des cols extensibles. Je n'en dirai pas plus, je laisse le soin à tout un chacun de le découvrir.
Philip K.DICK, Confessions d'un barjo, 1978.